Église Notre-Dame-des-Victoires

Québec, Qué.

 

Casavant, Op. 741, 1918

Guilbault-Thérien, 1988

 

- 2 claviers manuels et pédalier

- 13 jeux / stops, 15 rangs

- Traction électrique des claviers et des jeux

 

Historique

L'église Notre-Dame-des-Victoires s'élève sur le site de l'Abitation construite par Samuel de Champlain en 1608. En 1683, le gouverneur et l'intendant concèdent, à l'évêque, une partie de l'emplacement pour y édifier une chapelle et un presbytère. L'édification d'une chapelle dont la façade dominerait la place du marché est entreprise en 1687 sur des plans de l'architecte Claude Baillif. Durant sa construction, l'église change deux fois de nom. Placée sous la protection de l'Enfant-Jésus, lors de la pose de la première pierre, la chapelle adopte le nom de Notre-Dame-de-la-Victoire après la déroute de l'amiral William Phipps en 1690. Vingt et un ans plus tard, le naufrage de la flotte anglaise commandée par l'amiral Hovender Walker entraîne une autre modification: l'église reçoit alors son appellation définitive de Notre-Dame-des-Victoires. Notons toutefois que la paroisse Notre-Dame-des-Victoires ne sera érigée que beaucoup plus tard, en 1944.

 

De 1723 à 1733, l'architecte et maître maçon Jean Maillou érige le portail, complète la nef, ajoute la chapelle Sainte-Geneviève et une maison pour le sacristain ainsi qu'une sacristie. Cette dernière cédera sa place à une nouvelle sacristie qui sera érigée en 1873 d'après les plans de l'architecte Louis Amiot et qui est d'ailleurs toujours en fonction.

 

Le 9 août 1759, l'église est détruite à la suite du bombardement de la Basse-Ville. Il n'en reste plus que des murs calcinés. Jean Baillargé, maître charpentier, rétablit la sacristie en 1762 et s'emploie dès l'année suivante à relever l'église de ses ruines. La reconstruction s'échelonne sur plusieurs années pour atteindre son terme en 1766. En 1816, une réfection totale fut confiée à François Baillargé.

 

Après avoir résisté à trois reprises (en 1824, 1833 et 1854) aux pressions des résidents qui souhaitent sa démolition pour agrandir le marché de la Basse-Ville, Notre-Dame-des-Victoires est à nouveau le théâtre d'un chantier important, entre 1858 et 1861. L'architecte Joseph-Ferdinand Peachy conçoit alors les plans d'une rénovation extérieure qui inclut un nouveau clocher (qui coiffe toujours le pignon de la façade), un parvis et une clôture de fonte.

 

En 1929, l'église est classée «monument historique» par la Commission des monuments historiques d'où l'octroi d'un statut prévoyant sa protection. Elle est la plus vieille église de pierre du Québec. Cette année-là, des travaux considérables de consolidation sont menés par l'architecte Raoul Chênevert: le plancher de l'église est construit en béton et les fondations de même que les murs du sous-sol sont stabilisés.

 

L'église Notre-Dame-des-Victoires est à nouveau restaurée en 1967, sous la direction de Pierre Mayrand, dans le cadre du projet de restauration de Place-Royale qui débute.

 

L'intérieur actuel de l'église, réalisé par plusieurs élèves de Thomas Baillargé, dont Raphaël Giroux, remonte aux années 1854-1857. Le maître-autel qui s'appuie au retable a été réalisé en 1878 par David Ouellet, sculpteur et architecte de Québec. À l'occasion du bicentenaire de l'église en 1888, on y effectue quelques travaux d'embellissement. Une nouvelle chaire et un nouveau banc d'œuvre remplacent le mobilier de 1854, et le peintre-décorateur Jean-Marie Tardivel orne le retable ainsi que la voûte d'une série de fresques relatant l'histoire de l'église et de la ville. Le tabernacle, dédié à Sainte-Geneviève, attribué aux sculpteurs Levasseur, date des années 1724-1730. Enfin, un ex-voto suspendu à la voûte de la nef représente le Brézé, navire venu au Canada en 1664.

 

Luc Noppen et Lucie K. Morisset

 

L'orgue

En 1918, la maison Casavant Frères installe un orgue de type tubulaire. L'instrument, de taille modeste avec ses 11 jeux, était, jusqu'à l'année 1988, en très mauvais état. C'est pourquoi, la fabrique a entrepris une restauration majeure de l'orgue. Les facteurs Guilbault-Thérien ont effectué un travail remarquable, redonnant ainsi un caractère brillant et éclatant aux différents jeux. On compte maintenant un total de 13 jeux; une mixture au grand-orgue et une flûte de 4' à la pédale ont été ajoutées. De plus, les facteurs ont effectué la ré harmonisation complète de tous les autres jeux et l'électrification du système de traction. En conclusion, l'église Notre-Dame-des-Victoires possède aujourd'hui un bel instrument, de petite taille, mais riche en sonorités.

 

Claude Doré

Organiste titulaire

 

Référence:

- Noppen, Luc et Morisset, Lucie K.: Art et architecture des églises à Québec, Gouvernement du

Québec, 1996, ISBN 2-551-16646-2

- Bulletin des Amis de l'orgue de Québec, no. 49, Avril 1989