Église Saint-Laurent

Île-d'Orléans, Qué.

 

L'église

 

Érigée en 1678, sous le vocable de saint Paul par Mgr. François de Montmorency Laval, évêque de Québec, la paroisse Saint-Laurent a reçu son nom actuel en 1698 suite à une requête adressée par le seigneur de l'île d'Orléans, François Berthelot, comte de Saint-Laurent. La première église fut construite en 1675 par le maître-charpentier Charles Pouliot. C’était un édifice en bois de 16,25 mètres (53 pieds) de long sur 6,5 mètres (21 pieds) de large, situé à environ 100 mètres (328 pieds) à l’ouest de l’église actuelle. La petite église en bois fut remplacée, en 1697, par une église en pierre longue de 16,25 mètres (53 pieds) environ et large de 7,8 mètres (26 pieds) sur un terrain donné par le seigneur de l'île. Le plan de cet édifice, qui a subi par la suite d’importantes modifications, était fort simple. La nef, très petite, était prolongée par un chœur de même largeur qui se terminait par une abside en hémicycle. Chaque mur gouttereau était percé de trois fenêtres et une autre fenêtre pratiquée au centre du rond-point permettait d’éclairer la sacristie alors située dans l’abside. Après quelques années seulement, l’église s’avéra trop petite. En 1707, on décida de la prolonger d’environ 6 mètres (20 pieds) par la façade. Jean Maillou, auteur des plans, et le sieur Carpentier firent la maçonnerie. Joseph Chabot fit la charpente et le clocher. On perça alors une fenêtre supplémentaire dans chaque mur gouttereau ainsi qu’une petite porte dans le mur du côté droit. Les travaux, qui durèrent trois ans, furent terminés en 1710. Desservie par un missionnaire jusqu'en 1700, année où la paroisse reçoit son premier curé résident, l'abbé François Poncelet. La paroisse sera érigée canoniquement en 1714. Le 27 juin 1759, le général Wolfe et son armée débarquent sur l'île à Saint-Laurent. L'île ayant été évacuée, le curé François Martel laisse une note sur la porte de l'église afin de demander aux envahisseurs de respecter les lieux sacrés et pour les inviter à profiter de l'endroit. Grâce à ce geste de courtoisie, semble-t-il, l'église de Saint-Laurent et ses dépendances ont été épargnées du saccage. L’aspect original de l’église fut à nouveau modifié en 1774 de façon beaucoup plus importante. En effet, on érigea, cette année-là, un transept. Le plan, qui malgré le prolongement de 1707, avait conservé la forme d’un rectangle prit alors celle d’une croix latine. Ces travaux avaient été précédés, en 1766, par la construction d’une sacristie en pierre contiguë à l’abside longue de 9,75 mètres et large de 4,85 mètres. Cette église, qui était située en partie dans le cimetière, fut démolie en 1864. L’église actuelle, commencée en 1860, fut bénie et ouverte au culte le 7 novembre 1861. Antoine Pampalon, de Lévis, fit la maçonnerie et Jean-Baptiste Gosselin, de Saint-Laurent, la charpente et la menuiserie. Raphaël Giroux, architecte et sculpteur, en avait dressé les plans. La façade et le clocher furent cependant construits d’après ceux de l’église de Saint-Apollinaire, dans la comté de Lotbinière, érigée en 1855, d’après les plans de l’entrepreneur Prime Béland. La même année, en 1860, un nouveau presbytère fut construit en remplacement du premier presbytère construit en 1698. Le bâtiment fut érigé par Antoine Pampalon et Jean-Baptiste Gosselin. La décoration intérieure de l’église, entièrement de plâtre moulé, fut réalisée en 1863, par les frères Joseph et Paul Breton, maîtres menuisiers de Québec, d’après les plans de l’architecte Charles Baillairgé. De l’ancienne église, on ne conserva alors que les trois autels et leurs tabernacles, mais ceux-ci furent par la suite renouvelés : le tabernacle du maître-autel par Adolphe Dion en 1872, ceux des autels latéraux par David Ouellet en 1877, et les autels en 1898. Depuis cette époque, la décoration originale n’a subi que quelques transformations. La chaire fut refaite par David Ouellet en 1892, les bancs furent remplacés en 1942 et, plus récemment, on supprima la table de communion ainsi que les fonts baptismaux. L’église possède plusieurs tableaux : le martyre de saint Laurent (Vincenzo Pasqualoni, 1874), sainte Anne et l’Immaculée-Conception (attribués à François Baillairgé, 1804), la sainte Famille et la Transfiguration (artiste inconnu, 1885). Elle possède aussi des vitraux, exécutés par Bernard Léonard, en 1900, ainsi que plusieurs pièces d’orfèvrerie dont certaines remontent à 1688.

 

 

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En Nouvelle-France, la tradition européenne d'enseignement théorique représentée par le modèle jésuite a été modifiée et simplifiée par la tradition artisanale des artisans québécois, faisant revivre jusqu'à un certain point la tradition médiévale des maîtres maçons. Le type de formation en architecture offert dans les grands centres comme Québec et Montréal aux XVIIe et XVIIIe siècles est basé sur la pratique contemporaine dans les villes et villages français. Au Canada toutefois, grâce à leur accès à des traités d'architecture, des maîtres-maçons et des maîtres-charpentiers instruits comme Claude BAILLIF et Jean-Baptiste MAILLOU, en plus de devenir des artisans chevronnés, deviennent eux-mêmes des concepteurs.

 

 

Sheehan, Virginia. La vie domestique des officiers britanniques et canadiens résidant dans la maison Maillou au XIXe siècle : étude de la collection archéologique. 1999. viii, 253 f.

 

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