A travers l'histoire de Beaumont / par Pierre-Georges Roy. -- - Roy, Pierre-Georges, 1870-1953 . – 1943

 



Charles Couillard devient seigneur de Beaumont par la mort de son père, le 8 mai 1715. Il avait alors quarante ans. Nous ne pouvons nous expliquer pourquoi le partage de la seigneurie ne se fit que le 30 octobre 1728, devant le notaire Gaschet, soit quarante ans après la mort du premier seigneur Couillard. Il faut croire que les affaires de Charles Couillard étaient fort embarrassées et que le passif dépassait considérablement l’actif.

 

        Le 16 février 1723, Charles Couillard rendait la foi et hommage au château Saint-Louis, à Québec, pour la moitié du fief et seigneurie en son nom pour sa partie et au nom de ses frères et sœurs Joseph, Charles, Pierre, Marie, Louise, Marie-Anne et Marguerite pour l’autre moitié.

 

        Un mois plus tard, le 15 mars, il remettait son aveu et démembrement à l’intendant pour la même seigneurie. On voit par ce document que la seigneurie avait alors un peu plus de trente censitaires. Au premier rang (bord du fleuve), on comptait Michel Maillou, le nommé Labrie, Pierre Garant, Ignace Adam, le nommé Jassemin, la veuve Labbé, Charles Lavallée, Étienne Lavallée fils, Pierre Vincent, Denis Nadeau, Joseph Lacasse, Charles Lacasse, la veuve Allard, Jacques Fournier, Pierre Fecteau, Jacques Turgeon, Guillaume LeRoy père, Pierre Lalemant, Charles Turgeon, Mathurin Labrecque, Michel Lalemant, Joachim Lecours, Guillaume LeRoy fils, Charles Turgeon, Zacharie Lalemant, Pierre Boissel, Jean Nadeau, la veuve Joseph Riverin, Joseph Nadeau, Eustache Couture dit Bellerive, Charles Couture dit Lafresnaye.

 

        Le seigneur Couillard de Beaumont décéda dans son manoir le 19 février 1758, à l’âge de soixante-dix-huit ans. Il n’avait pas même demandé à être inhumeé dans l’église paroissiale, comme il en avait le droit. Il fut enterré au cimetière au milieu de ses censitaires. Il avait été avec eux toute sa vie, il ne voulut pas se séparer de ses concitoyens à sa mort.

 

(Voir page 19 et 20)

 

 

Jean Adam

 

        Les Beaumontois qui, à l’heure actuelle, lorsqu’ils ont des transactions à conclure sont obligés de se rendre dans la paroisses voisines pour rencontrer un notaire, seront sans doute surpris d’apprendre que dès 1673, un notaire authentique avait son étude et sa résidence à Beaumont.

 

On constate la présence du notaire Jean Adam dans la seigneurie de Lauzon dès 1666. Mais le tabellion Adam laissa peu après la seigneurie de Lauzon pour celle de Beaumont. C’est lui qui dut recevoir les actes de concession du seigneur Couillard aux premiers habitants de Beaumont. Malheureusement, les minutes d’Adam sont disparues et il ne reste plus nulle part de trace de sa nomination et de son greffe. Cependant un jugement du Conseil Souverain du 25 juin 1696 cite le contrat de mariage de Nicolas Coulombe et de Jeanne Maillou reçu par Jean Adam, notaire en la seigneurie de Beaumont, le 29 septembre 1674.

 

Jean Adam décéda à Beaumont le 3 septembre 1711. Son acte de sépulture lui donne la qualité de notaire.

 

(Voir page 47 et 48)

 

 

        Zacharie Turgeon, le marguillier qui avait accepté le don de terrain de Louis Marchand, au nom de la fabrique de Beaumont, était un des paroissiens les plus zélés pour la construction de l’église en pierre. Il travailla gratuitement pendant plusieurs jours à la coupe du bois et à la charpente de l’église. En récompense de son travail et de son dévouement la fabrique décida, en 1733, de lui accorder la permission de se faire enterrer dans l’église et de lui faire dire une messe de requiem chaque année, à perpétuité.

 

        Nous continuons à citer les notes de M. Barbeau : « On ne fit diligence dans les travaux qu’en 1734. On acheta trente barriques de chaux de Charles Vallée, de Beauport; de René Duprat, de la pierre de taille, de M. de Lotbinière, de la planche pour couverture de l’église; dix mille bardeaux, de Québec; du clou à bardeau; une boite de ligne à morue pour faire les cordeaux; deux pots d’eau-de-vie pour les maçons… »

 

        Parmi les ouvriers qui travaillèrent à la construction de l’église en pierre de Beaumont, M. Barbeau cite les maçons Maillou, de Beauport, Baptiste Nadeau, de l’île d’Orléans, les menuisiers Augustin Couture, Joseph Couture, Ignace Noël et son fils, Denis Nadeau, Bélanger, Crête, Fournier, Roy, Fortin, etc.,etc. L’église fut couverte en bardeau par le nommé Montauban. La croix du clocher fut l’œuvre du forgeron Laferrière; le coq traditionnel du clocher fut fabriqué par Basquin ou Bastien.

 

(Voir page 72 et 73)

 

 

Les premiers registres de Beaumont

 

        Plus heureuse que nombre d’autres paroisses, Saint-Étienne de Beaumont peut se flatter de posséder tous ses registres de l’état civil depuis sa fondation, soit 1692 à nos jours.

 

        Le premier acte inscrit aux registres de Saint-Étienne de Beaumont est le certificat de naissance de Marie-Thérèse Roy dit Portelance, fille de Jean Roy dit Portelance et d’Anne Forgues. Il est en date du 26 novembre 1692. Rédigé en latin, il est signé par le Père Récollet Beaudoin. Nous le reproduisons ici : « Portelance, Marie Theresa, felix Joannis Portelance et Annae Forgue, nata 25 Novembris 1692. »

 

        Cet acte de naissance ne veux pas dire, toutefois, que Marie-Thérèse Roy dit Portelance est le premier enfant né à Beaumont. Jusqu’à preuve du contraire, nous devons accorder cet honneur à Françoise Maillou, fille de Michel Maillou et de Jeanne Mercier, née à Beaumont le 18 juin 1679. Et, ce qui surprendra un peu ceux qui ne sont pas au fait des courses apostoliques du vaillant missionnaire Thomas Morel c’est dans les registres de l’Islet qu’il faut aller pour retracer l’acte de baptême de Françoise Maillou.

 

        Le premier acte inscrit aux registres de L’Islet se lit, en effet, comme suit : « Le troisième jour du mois de juillet de l’année mil six cent septante neuf, par moy Morel, prêtre missionnaire, faisant les fonctions curiales dans toute la coste du sud, a esté baptisé dans le lieu seigneurial de Beaumont, Françoise, fille de Michel Maillou et de Jeanne Mercier, sa femme, née le dixhuitième du mois de join de la mesme année. Le parrain a esté André Patry, habitant de la Durantaye, la marraine Françoise Pitié, femme d’Antoine Casse, habitant de Beaumont, et a le dit Michel Maillou père signé; et les dits parrain et marraine déclaré ne scavoir escrire ni signer, de ce interpelé suivant l’ordonnance. Th. Morel prestre Missionnaire. »

 

        Donc, le premier enfant né à Beaumont est Françoise Maillou et non Marie-Thérèse Roy dit Portelance, ainsi qu’on l’a écrit si souvent. Celle-ci a toutefois l’honneur d’avoir inauguré les registres de Beaumont.

 

(Voir page 98 et 99)