Journal du siège de Québec en 1759

Panet, Jean-Claude

 



 

        8.- Après cette action les berges qui s’étaient retirées au large, gagnèrent le matin la côte du Sud. 2 frégates se rangèrent à terre pour favoriser leur descente. 100 hommes que nous avions dans cette partie firent trois décharges pour s’opposer à leur descente, mais inutilement; ils tuèrent environ 10 hommes, mais ils furent obligés de se retirer étant canonnés par les vaisseaux et berges. Les 1200 hommes de descente redescendirent à St-Antoine à la maison de Deruisseau.

 

        Le même jour fut fatal pour moi et pour bien d’autres. Les Anglais qui n’avaient cessé de canonner et bombarder depuis le 12 juillet firent, lorsque vint le soir, un nouvel effort : ils jetèrent des pots à feu sur la Basse-Ville, dont trois tombèrent, un sur ma maison, un sur des maisons de la place du marché et un dans la rue Champlain. Le feu prit à la fois dans trois endroits. En vain, voulut-on couper le feu et l’éteindre chez moi, il ventait un petit Nord-est, et bientôt la Basse-Ville ne fût plus qu’un brasier; depuis ma maison, celle de M. Désery, celle de Maillou, rue du Sault-au-Matelot, toute la Basse-Ville et tout le Cul-de-sac jusqu’à la maison du Sr.De Voisy, tout a été consumé par les flammes.

 

        Il y a eu 7 voûtes qui ont crevées ou brûlées, celle de M. Perrault, le jeune, celle de M. Tachet, de M. Turpin, de M. Benjamin de la Mordic, Jehaune, Maranda. Jugez de la consternation. Il y a eu 167 maisons de brûlées.

 

9 août. – Les Anglais ont continué leur bombardement, et ont dirigé leurs bombes à la haute ville.

 

10. – Ils en ont fait de même; et on a fait un détachement de 300 Canadiens et de 300 Sauvages pour aller attaquer les travailleurs qui étaient au dessus du Sault; au lieu de compter sur ces travailleurs, ils trouvèrent 800 hommes armés qui les soutenaient. Notre parti donna vaillamment et tuèrent environ 150hommes. Les ennemis se replièrent. On aurait pu engager une action générale si on avait soutenu notre parti et tombé sur les travailleurs.

 

Le même jour dans la nuit, il y eut une alerte : trois frégates essayèrent de passer avec une petite goélette. Les trois frégates se retirèrent au feu de nos canons et de nos mortiers; la petite goélette passa; elle s’échoua néanmoins, et 5 bateaux armés de 2 canons la poursuivirent, mais elle se releva et continua sa route.

 

(Voir pages 18 et 19)