BRIE-SOUS-MATHA, Lieu d’origine de Pierre Maillou.

 

PIERRE MAILLOU dit Desmoulins (c. 1631-1699)

Anne DELAUNAY (1635-1700)

 

Mardi le 13 mars 1657, Pierre Maillou dit Desmoulins s’engageait auprès de Fabien Marot maître après Dieu du navire nommé « La Vierge », du port de 150 tonneaux ou environ, agissant pour les sieurs Antoine Lucas et Nicolas Gamon, à s’embarquer pour Québec au premier jour pour les y servir pendant le temps et l’espace de trois années consécutives. Ces derniers s’engageaient à lui verser 72 livres tournois par année, et promettaient de payer sa nourriture et son passage de La Rochelle à Québec. (gr. Audouart)

 

Son engagement de trois ans terminé, Pierre Maillou décida de demeurer au pays et à cette fin acheta de Michel Bélanger, le 27 décembre 1660 sa terre de Beauport, (gr. Vachon) mesurant un arpent de front sur la ligne qui sépare les concessions dans le village du Fargy. Pour cet achat, Pierre Maillou déboursa 40 livres.

 

Le 23 octobre 1661 (gr. Audouart) Anne Delaunay, fille de Louis Delaunay docteur en médecine et Marguerite Cazalade, passait un contrat de mariage avec Pierre Maillou originaire du Bourg de Brie-sous-Matha. La future épouse avait été baptisée au temple protestant de La Rochelle le 10 juillet 1635. Le mariage eut lieu le 23 octobre 1661. Maillou y est dit fils de Jacques Maillou marchand et Anne Arnauld.

 

Installés à Beauport, les nouveaux mariés ne tardèrent pas à faire des projets qui les amenèrent à réaliser plusieurs transactions et déplacements. Ils commencèrent d'abord par vendre à Antoine Gaillou taillandier, pour la somme de 300 livres tournois, leur propriété du village du Fargy, consistant en 10 arpents de terre dont six en valeur, avec une grange et une petite cabane. (gr. Filion 18-08-1664)

 

Pierre Maillou et son épouse s'installent par la suite à Notre-Dame-des-Anges, mais le premier décembre 1666, les religieuses hospitalières lui concèdent une terre dans leur seigneurie. (gr. Becquet).

 

Maillou prend goût à l'acquisition de terre ou voit en cela l'occasion de réaliser de bonnes affaires, car il en acquiert une autre pour la somme de 50 livres, de Mathurin Cardin à la Petite Auvergne, le 28 mars 1667. (gr. Vachon) Quelques mois plus tard, (gr. Vachon 10 décembre) il la revend 60 livres à Joseph-Mathurin Renault.

 

D'une affaire à l'autre, il contracte un emprunt de 50 livres 1 sol des Jésuites, le 23 janvier 1669 (gr. Becquet) et le 2 mars 1671 (gr. Becquet) vend son habitation de Charlesbourg à Hélie Jean pour la somme de 400 livres. Il quitte alors Charlesbourg pour l'Île d'Orléans où les religieuses de l'Hôtel-Dieu lui concèdent le reste de la terre située entre la concession de Germain et Louis Paget et la ligne qui sépare la seigneurie d’Argentenay de celle de Lirec. (gr. Vachon 31-03-1671 et 24-11-1671)

 

Fort de cette acquisition, il manœuvre aussitôt pour agrandir son nouveau domaine, et se fait concéder 3 arpents de front dans la seigneurie de Lirec, par les ecclésiastiques du Séminaire. (gr. Vachon 7-07-1673) C'est d'ailleurs sur cette terre de la seigneurie de Lirec qu'il s'installe, en la paroisse Sainte-Famille.

 

À peine y est-il pour de bon à demeure, qu'il se voit dans l'obligation de vendre une deuxième fois sa terre de Charlesbourg dont lui a fait remise Hélie Jean. C'est le notaire Gilles Rageot qui s'en porte acquéreur le 12 février 1674. (gr. Duquet) Pour cet achat Rageot  ne verse que 80 livres de principal et 10 livres de marché.

 

Après deux ans d’exploitation de cette terre de la seigneurie de Lirec, Pierre Maillou dit Desmoulins constatant sans doute qu'il possédait un trop vaste domaine en vendit 4 arpents de front et en particulier les trois qu’il possédait dans la seigneurie d'Argentenay, à Martin Guérard pour le prix de 150 livres tournois. (gr. Vachon 22-01-1676)

 

L'expérience vécue à l'île d'Orléans ne paraît pas avoir plu à cet homme, fils d'un marchand, et à son épouse, fille d'un médecin. Ils résolurent donc de venir vivre en ville et pour ce faire achetèrent d'Antoine Caddé un emplacement de 30 pieds de terre de face sur la rue Sault-au-Mathelot, moyennant une rente annuelle de 12 livres jusqu'à concurrence de 240 livres. Le 11 janvier 1701, ils avaient fini de payer cette somme et en reçurent quittance. (gr. Rageot 20-12-1677)

 

Nous le retrouvons à la basse-ville de Québec avec son épouse et cinq enfants au recensement de 1681. (Suite, B. HCF T. V p. 54 c) En cette même année, il reçoit une concession de Marie Laurence veuve d'Eustache Lambert. Cette terre située dans la seigneurie de Lauzon mesurait quatre arpents de front. (gr. Rageot 16-06-1681) Pierre Maillou ne pouvait y faire la pêche à l'anguille, la veuve Lambert s'en réservant le droit à compter du 23 novembre 1682.

 

C'est peut-être pour cette raison qu'il crut réaliser une meilleure affaire en se portant acquéreur dès le 8 août 1683 (gr. G. Rageot) de 6 arpents de front toujours à la côte de Lauzon. Claude de Bermen de la Martinière lui céda le tout à raison de 7 livres 6 sols de rente annuelle car aucun preneur ne voulait débourser les 12 livres 6 sols de la rente antérieure. (gr. Rageot 8-08-1683) Il faut croire que cette terre ne s'avérait pas très rentable car Pierre Maillou s'en départit à son tour en faisant annuler cet achat le 20-10-1687. (gr. Rageot) Il en fit de même pour la concession de 1681, le 20-06-1686. (gr. Rageot)

 

Dans les actes précédents, on qualifie Pierre Maillou de sabotier et maître sabotier. Ce métier lui permit-il de vivre? Il faut le croire car il continua à habiter Québec et y vécut suffisamment à l'aise pour y demeurer. Cependant avec l'âge les revenus se faisant plus rares, il résolut donc de vendre pour 800 livres la moitié de sa maison de Québec rue du Sault-au-Mathelot, à son gendre Jean Dubois. Le contrat à peine conclu fut aussitôt annulé. (gr. Rageot 22-08-1691)

 

Cette vente manquée plaça Pierre Maillou et son épouse dans une situation difficile. Ne pouvant plus subvenir à leurs besoins ils durent recourir à la générosité de leurs enfants. Joseph et Jean se chargèrent de les tirer d'embarras en leur fournissant annuellement les vivres, les vêtements et tout le nécessaire pour bien vivre. Ils poussèrent même la condescendance jusqu'à payer pour eux la rente annuelle de 12 livres pour leur maison. Aussi le 2 avril 1699, Pierre Maillou et Anne Delaunay reconnaissant la générosité de leurs enfants résolurent de leur donner tous leurs biens, à condition que ces derniers continuent à prendre soin d'eux. (gr. Genaple 2-04-1699)

 

 

Mais deux mois plus tard, Pierre Maillou dit Desmoulins décédait à Québec où il fut inhumé le 11 juin. Anne Delaunay ne lui survécut guère puisqu'elle reçut sa sépulture à Québec le 12 décembre 1700.

 

 

Pierre Mailloux était sabotier.

Pierre Maillou et Anne Delaunay naquirent :

 

1. Joseph : b. Québec (Q) 25-04-1663

1. m. Q 10-09-1685 avec Suzanne Richard

2. m. Q 7-08-1690 avec Louise Vachon

s. Q 26-12-1702

 

2. Noël :    b. Q 16-05-1666

                m. Beauport (B) 7-11-1690 avec Louise Marcoux

s. B 10-01-1753

 

3. Jean-Baptiste : b. Q 21-09-1668

                1. m. Q 7-02-1695 avec Louise Philippeau

                2. m. Q 2-07-1703 avec Marguerite Caron

                3. m. Q 31-18-1720 avec Marie-Catherine Amiot

                s. Q 10-09-1753

 

4. Anne :   b. Q 30-1 1-1670

                1. m. Q 22-11-1688 avec Jean Dubois

2. m. Q 10-01-1711 avec Noël Levasseur

 

5. Marie :  b. Ste-Famille île d'Orléans (SF) 8-06-1673

                s. Q 1er-06-1676

 

6. Pierre :  b. SF 20-02-1676

                1. m. Q 9-06-1701 avec Anne Lefebvre

                2. m. Q 24-11-1704 avec Charlotte Moreau

                3. m. Q 2-10-1717 avec Angélique de Trépagny

                s. Q 30-05- 1 750

7. Marie :  b. Q 30-07-1679

          s. Q 1er-08-1679

 

N.B. C'est par Noël, marié à Louise Marcoux, que les Mailloux se multiplièrent à Beauport.

 

RÉFÉRENCE :

 

1.       GODBOUT, A. Familles venues de LaRochelle en Canada, RAPQ 1970 T. 48 p. 204.